La
philosophie des motardes en folie, suite …
La
moto, une émotion ... J'ai
récemment franchi un cap, et je suis de plain pied dans la famille motarde.
J'ai troqué ma 125 (sans jamais la renier …) pour une monture qui me
permettra de m'amener vers d'autres horizons, d'autres sensations aussi. Je
sens s'épanouir ma jeune vie de motarde. Elle prend de plus en place dans mon
existence, mon emploi du temps, mes priorités, mes bonheurs aussi. Oui, de
plus en plus je me sens motarde. Et je m'aime en motarde. J'aime ces
bonheurs attendus depuis mes plus jeunes années et je les considère comme un
cadeau quotidien, une fierté, une consécration. La fierté de représenter ce que
je décelais avec envie chez ces personnages casqués. Tout
d'abord j'aime ma machine. Elle incarne une esthétique étudiée, réussie, et
je fais de mon mieux pour la rendre belle, agréable à regarder, et toujours
plus performante. J'aime sa bouille qui semble me dire … "on y va
?". J'aime
notre duo, notre harmonie, car elle semble avoir été taillée pour moi.
J'adore attraper notre bref reflet dans une vitrine, un miroir … Cette
cavalière fière et casquée, c'est moi ! Et j'avoue adorer réaliser que c'est
bien moi qui me cache derrière ce harnachement si particulier et qui a tant
de valeur à mes yeux. C'est comme ça que je m'aime. C'est derrière cette
visière que j'ai toujours voulu voir le monde. |
J'aime, le matin,
me réjouir de monter sur ma machine, enfiler mon casque, mon blouson et mes
gants, comme un cérémonial … et surtout démarrer ce moteur qui rugit et me
procure immanquablement des frissons. Je me
réjouis d'aller au travail sur un coup de gaz, de laisser empêtrées les
voitures et leurs propriétaires stressés, pressés, angoissés … s'ils savaient
comme c'est bon de se jouer des flux capricieux de la circulation … J'aime
sentir se poser sur moi le regard parfois curieux, parfois envieux, parfois
perplexe des personnes que je croise sur mon chemin, lorsqu'elles réalisent
que c'est un bout de fille qui manie cette mécanique brillante et envoûtante,
et aime à faire tourner la poignée et ronronner le moteur. J'aime
avoir des frissons de bien être lorsqu'un lacet de bitume se laisse dévoiler
sous la gomme de mes pneus, lorsque la courbe se laisse enrouler puis
dérouler d'un simple coup de hanche, d'une petite prise d'angle, j'aime
admirer, voir, découvrir et surtout sentir les paysages que nous offrent nos routes,
m'arrêter, prendre mon temps, repartir à l'envi … Mes projets de vacances ne
sont plus les mêmes, et j'ai troqué mes plans à l'autre bout du monde contre
des découvertes à portée de guidon … et le programme est vaste ! Je ne me
lasse pas encore de cette petite fierté qui grandit à chaque geste échangé
avec un autre motard croisé, tous feux allumés, et j'aime cette communauté
dans laquelle j'entre à petits pas, cette communauté qui m'apprend, me
raconte, m'écoute et bien sûr me comprend … Oublierai-je
un jour les frissons et les battements précipités de mon cœur, l'excitation
et la fièvre qui me gagnent lorsque j'enfourche la selle de ma moto ? |
Non je
n'exagère pas, c'est véridique … démarrer ma moto me provoque de tels
instants de bonheur que mon cœur part au ¼ de tour. Voilà.
J'aime ma vie de motarde. Je ne pouvais pas passer à côté. Bien sûr,
je ne pense que bien assez aux risques et aux drames qui noircissent ce
tableau idyllique. Il n'est pas un seul jour sans que je pense aux vies fauchées
trop tôt à cause de cette passion. Malgré cette épée de Damoclès qui pend sur
chacun de nos casques, l'envie est plus forte. Oui, plus forte est l'envie de
tourner la clé et d'actionner le démarreur. Je prie juste pour que mes roues
ne croisent jamais celles d'un inconscient, un alcoolique, du vélo d'un
enfant … Je prie pour que le bonheur qui s'échappe de ces lignes dure le plus
longtemps possible. Et que ma vie de motarde restera longtemps la plus
heureuse et la plus épanouie possible le long des routes, sous le soleil, sur
le bitume, et côte à côte avec mes amis de route. Plein phare
! A l'heure
ou j'écris ces lignes, je suis privée de ma moto. Elle s'est envolée, malgré
elle et malgré moi, entre les mains de personnages peu attentionnés. Mes plaisirs
de motarde sont suspendus. Mon casque fait grise mine. Je suis
privée de virages, de sorties, des "trépidations de ma machine" …
quelques jours seulement se sont écoulés et cela me semble une éternité. Et
même si je n'en avais pas besoin, cela me confirme que la moto fait
maintenant partie intégrante de ma vie. Je ne songe déjà qu'au remplacement
de la belle en fuite, et j'avale en rêve les kilomètres qu'il m'est
actuellement impossible de parcourir le jour. |
Tous les matins, je me console
en me disant que chaque jour me rapproche de l'instant ou je retrouverai le
plaisir intact, le même que le premier jour, d'enfourcher ma prochaine
compagne de route pour des kilomètres, des miles, de complicité sans bornes ! |
A bientôt, Val, on compte sur
toi pour la prochaine balade …
Et puis, finalement, elle est
bien ta nouvelle SVS ;o)
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d’humeur de Béa Retour haut de page