CB 500 S : pure utilitaire ou déjà fun ?
Déjà, pourquoi avoir choisi une CB 500 S,
pas si courante ?
J'ai passé le permis sur une Kawasaki ER5, basse et
légère, mais je ne souhaitais pas rester sur ce type de bécane dans la mesure
où je fais pas mal de route virolante et où la tenue de route de l'ER n'est pas
irréprochable, selon les experts du genre. Ce que j’ai d’ailleurs pu tester en
décrochant régulièrement de l’arrière en rond point sous la pluie. Bref, l’ER
est une excellente bécane pour la ville sans doute, avec un moteur qui pousse
bien à partir de 5000 tours, mais qui ne correspondait pas à l'utilisation que
je souhaitais en faire. D’autant que, si elle convenait à mon petit gabarit du
point de vue de la hauteur de selle, j’étais carrément exposée à l’air et en
limite de résistance torse et nuque à 90 avec un peu de vent.
Bref, il me fallait choisir un gros cube quasiment
taillé sur mesure …
Mon cahier des charge comprenait les éléments
suivants :
-
bécane basse, avec une
hauteur de selle inférieure à 780 mm ; venant de la vara et de ses 800, le
choix en gros cube était d'emblée limité : Honda CB 500, Kawasaki ER5, Kawasaki
GPZ, GS 500 E, Ducati Mostro pour ne citer que les plus connues. En
bref, une bécane assortie à mon petit mètre soixante !
-
du fait de leur
hauteur de selle, les trails étaient d’emblée exclus, à l’éventuelle exception
de la BM 650 qui existe en version rabaissée ; il ne me restait donc qu’à
choisir une routière ou un roadster, en tout état de cause avec une protection
contre le vent. Car en plus d'être petite, je ne suis pas large et résiste mal
au vent de face ! Donc au moins une bulle, mais de préférence un tête de
fourche …
-
utilisation
majoritairement routière, sur petites routes et en montagne ; exclues donc les
petites utilitaires pures dont la tenue de route est limitée : ER5 et GS 500 E
-
prix abordable … et
voilà la Mostro qui disparaît aussi de ma sélection, même avec une tenue de
route améliorée depuis l'édition 2002.
Restaient donc la GPZ et la CB 500S. Mon choix a été
dicté par la raison : la GPZ offre une position plus sportive, en appui sur les
poignets, penchée sur le réservoir, tête dans la bulle. Position agréable sur
route, mais nettement moins en ville. Or, contrairement à Béa, je fais quand
même régulièrement de la ville !
Du coup, j'ai brièvement essayé la CB 500 de la moto
école. Elle ne m'a convaincue que sur la question de la position de conduite,
de la hauteur de selle et du poids. Pour le reste, curieusement, cette CB était
rugueuse, avec des vibrations marquées à 4-5000 tours, et un trou en dessous de
3000. J'en ai discuté avec le chef mécano de la concession Honda à Antibes, qui
m'a dit que c'était anormal et lié à un mauvais réglage de cette CB. J'en ai
discuté avec Béa qui avait pris tous ses cours sur CB, et m'a dit qu'elle
n'avait jamais rencontré ce type de problème, et qu’elle s’était régalée.
J’ai poursuivi la conversation avec Béa, qui m’a dit
que la CB était faite pour moi, plus peut être que la GPZ dont la position est
moins confortable en ville …
Bref, j'ai visité les sites de référence sur la CB
500, posé quelques questions sur le forum, puis j'ai négocié la reprise de la
Vara avec Honda à Manosque et fini par signer pour la CB 500 S (en promo …) qui
avait fini par hanter mes nuits !
Rencontre …
J'ai récupéré ma CB 500 S le 11 janvier à Manosque,
par un froid de chacal. Béa m’a emmenée à l’arrière de sa GPZ, et curieusement,
malgré la neige sur les bas côtés, j’avais moins d’appréhension en passagère
qu’avant de passer le permis. Peut être l’euphorie de récupérer ma nouvelle
moto ½ heure plus tard !
Je fais le tour de la bête … bleue, tapis de
réservoir et bientôt bagster assorti. J’ai fait ajouter les pare-carter et une
protection de pot, ainsi qu’une montre digitale (on n’abandonne pas si
facilement le confort Vara !). Pas à dire, elle me plaît.
Heureusement !
Esthétiquement, elle semble moins ramassée et limite
moins agressive que la 500 N, malgré l’adjonction d’un tête de fourche censé
lui donner une allure plus sportive. En fait, elle paraît plus allongée et d’un
style plus vieillot en version S qu’en roadster nu.
Le tableau de bord paraît plus complet que sur la N
… question d’habillage plastique. En tout cas, les voyants, abrités par la
bulle, sont plus visibles. Le cadran s’éclaire en orangé quand on met les
loupiotes en route. Wahou … Zone rouge à 10 500 tours, toujours pas de jauge à
essence, et détail ergonomique négatif, pas de réglage des poignées d’embrayage
et de frein contrairement à la GPZ.
Moteur … Gaaazzzzz !
Le concess m’explique les rudiments … pas grand
chose de neuf, les commodos sont placés là où on les attend, appel de phare et
klaxon inclus. Pas de changement par rapport à la N que j’avais essayée en moto
école sur ce point.
Démarrage … hum, il me plaît, ce bruit … coup d’œil
à ma vara encore sur le parking … ça change …
Les paramètres de rodage sont souples : 5 à 6000
tours pour les 100 premiers km, 6000 à 7000 pour les 400 suivants, ensuite
possibilité de monter jusqu'à 8000 tours avant la révision des 1000 km.
Premiers tours de roue
Entre les contraintes boulot, familiales et méteo,
difficile de rouler en ces mois de janvier et février. Nous rentrons de
Manosque, 30 premiers km tranquilles dans le froid, pour moitié sur route
mouillée (et salée) et pour moitié sur route sèche (également salée). Nous nous
dépêchons de rentrer pour laver les bécanes avant que l’eau du jet ne gèle
directement à la sortie du tuyau ! Mais déjà, 5000 tours, c’est du 100 à
l’heure en 6ème. Et à 6000 tours, j’accroche un petit 110. Je
travaille mes rapports dans la mesure du possible, en particulier lors des
traversées d’agglomération. Surprise, elle repart sans problème à 50 km/h et
3000 tours en 6ème sur un filet de gaz.
Samedi 31 et dimanche 1er février, nous
roulons encore un peu, 200 km sur les deux jours, le froid ayant quand même
rapidement raison de notre résistance samedi, et la nécessité de rentrer à St
Etienne de notre envie de continuer à rouler dimanche.
Mais ces deux jours ont été l’occasion de tester les
virages. Je suis Béa et sa GPZ sans aucun problème. La CB se place bien en
courbe, mon regard est parfaitement placé dans les grands virages de la route
des Mées à Forcalquier, puis de la route Napoléon de Digne vers Mézel. Béa
trouve que j’aborde certaines courbes à une allure à laquelle elle ne
s’attendait pas. La CB répond parfaitement à mes sollicitations, sans effort.
Je vois que je vais sortir un peu large ? Qu’à cela ne tienne, je pousse
un poil plus sur le guidon et hop, me revoici dans la bonne trajectoire. Je
n’insiste cependant pas trop sur les angles de peur qu’elle ne me rappelle
qu’elle est chaussée de neuf.
Je suis globalement bluffée, d’ailleurs, par la
précision des trajectoires. Plus rien à voir avec la vara, pourtant déjà
précise. Sans doute est-ce lié tout à la fois au fait que je suis plus en
confiance car le centre de gravité me convient mieux, et que la position me
permet de regarder au bon endroit et à la bonne distance. Je sais cependant
qu’il faut prendre garde à l’excès de confiance !
Après le rodage …
J’ai progressivement pris mes marques avec la CB.
Petit à petit, tester les reprises, l’accroche en virage, les rétrogradages de
dernières minute en pleine courbe pour pouvoir relancer, rien ne destabilise la
CB.
Cette bécane pardonne tout, y compris les blocages
de roues, les frottages sauvages de cale-pied, les virages trop larges
resserrés in extremis, ou les virages trop serrés et réélargis en plein milieu.
Si ses reprises sont moins virulentes que celles de
la GPZ, elle monte fort dans les tours. Passés 7000 tours, elle enroule les
virages scotchée au bitume, et continue à monter jusqu’à la zone rouge.
Seule limite : son freinage, qui m’a valu
quelques sueurs froides sur quelques lignes droites prises au taquet et suivies
de virages qui nécessitaient de réagir … vite. Cependant, une fois le dosage
maîtrisée, elle reste irréprochable.
Seul défaut : ses suspensions … d’origine, la
selle est un banc de bois et les amortisseurs une calamité. Du bultex sous les
fesses à la place de la mousse d’origine, j’ai également changé les
amortisseurs au bout de 28000 km pour des adaptables EMC. Changement de
comportement, elle saute moins sur les creux et bosses, mais reste assez raide.
Normal, j’ai demandé un réglage conduite sportive, et les routes dans Marseille
sont suffisamment défoncées pour que le réglage ne soit pas des plus
confortables.
Peu de reproches à lui faire, donc : c’est une
bécane idéale pour démarrer après le gros cube, elle pardonne tout à un pilote
pas encore expérimenté. Elle l’emmène partout, sans broncher, sans demander un
entretien complexe. Elle tracte correctement, elle peut même pousser fort, mais
reste toujours maîtrisable. C’est pour cela que je l’ai appelée Dosette …
Autant je me suis régalée sur route, autant finalement,
en ville, je l’ai trouvée moins plaisante : elle reprend mal sous 3000
tours, donc il faut beaucoup tricoter avec le sélecteur ; et finalement,
sa répartition du poids, vraiment typée roadster (donc un centre de gravité
au-dessus des genoux) n’est pas si facile à emmener dans les embouteillages, en
tout cas pour mon petit gabarit.
Sur circuit, ma foi, elle n’a fait que les tours de
chauffe, mais j’ai trouvé, en suivant Alex Viera, qu’elle ne déméritait pas.
Certes, le cale pied était collé au sol dans tous les virages, mais j’aurais
sans doute pu apprendre à déhancher pour l’éviter. Mais une chute à l’arrêt sur
le bord de la piste a cassé net son levier de frein, et mon stage de pilotage
par la même occasion…
Au bout de 31 000 km, j’étais bien décidée à
continuer mes aventures avec elle, jusqu’à ce que je tombe sur une SVS modèle
2002 avec seulement 4 300 km, nickel et sous argus. J’ai craqué, revendu la CB,
et je ne le regrette pas pour l’instant : la SVS, avec son centre de
gravité au niveau du moteur, me paraît encore plus facile à emmener. Reste que
je ne l’ai pas testée vraiment sur route, et qu’il ne faut pas que j’oublie
qu’elle a un autre caractère que la CB, et qu’elle pardonnera sans doute
beaucoup moins à une pilote pas concentrée.
Bref, à tout débutant, ou toute personne cherchant
une bécane utilitaire mais également vivante, je recommande sans hésiter la CB
… ancien modèle, puisque désormais elle n’existe plus. Au demeurant, Béa a eu
l’occasion d’essayer la nouvelle CBF 600 et a été déçue par rapport au
comportement général de ma Dosette.